Worou Isalè entama la dernière ligne de son champ de manioc. Entre les buttes de terre où il avait foutu les tiges de manioc, il sema de l’arachide et y jeta des grains de maïs. Il avait tenu à achever le sarclage de cette parcelle avant quatorze heures ce samedi.
Le soleil était au zénith et lui cuisait le dos. Les rayons de soleil impitoyables semblaient s’attaquer à sa colonne vertébrale ! Ils la massacraient et voulaient la calciner ! Worou Isalè déjà vieilli et affaibli, vaille que vaille avançait en promenant sa houe çà et là, crou crou. Cela fait deux semaines qu’il commença à sarcler, ne pouvant pas se payer le service des jeunes métayers. Il osa même une vieille chanson qu’il fredonnait entre ses dents fendues. Arrivé au bout de la ligne, tout luisant de sueur, il se redressa et avec son index, il racla la sueur de son front, grimaçant, le visage déformé par l’effort surhumain. Il se tint la hanche, cassé en deux ! Soudain, une perdrix s’envola d’un buisson, juste à côté, avec son « kouakoua » embêtant. Elle va se poser à quelques mètres de là, et Worou mit la main à sa poche droite pour en sortir un lance-pierre. Le temps de trouver une pierre, la perdrix s’envola à nouveau » kouakouakoua » pour aller plus loin. Le soleil lui, avec ses rayons impitoyables, l’avait poursuivi et continuait de le cuire ! Il secoua sa houe contre une grosse pierre et se dirigea vers le vieux et gros manguier. Il s’étendit à son ombre, enleva sa chéchia, s’en couvrit le visage, posa ses mains comme oreillers derrière sa nuque et se promit de dormir un peu, à la descente du soleil, aller consulter ses pièges à rats. L’ombre du vieux manguier lui fit du bien et il s’endormit aussitôt….
Dans Dieu n’est pas-là-bas de Abalo COCOU MEDAGBÉ.
Page 5 – 6. Chapitre I : Atègoun.
Ed Fraternité. Roman. 2015.